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A Call to Protect Cultural Heritage in Gaza: Statement from the Arab Regional Group of ICOMOS

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A Call to Protect Cultural Heritage in Gaza: Statement from the Arab Regional Group of ICOMOS

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Déclaration du Groupe Régional Arabe de l’ICOMOS


Déclaration du Groupe Régional Arabe de l’ICOMOS

Conseil international des monuments et des sites sur la situation de la Palestine et les événements qui se déroulent actuellement dans la bande de Gaza – Date : 9 janvier 2024

Le Groupe Régional Arabe est composé des Comités nationaux arabes de l’ICOMOS et de membres individuels d’autres pays arabes. Ce groupe a pour objectif de soutenir la représentation arabe et ses actions au sein de l’Organisation internationale de l’ICOMOS en vue de promouvoir la conservation, la protection, la réhabilitation et la mise en valeur des monuments du Patrimoine culturel des pays arabes en toute indépendance et dans le respect de l’éthique déontologique.

A l’aube d’une nouvelle année et après plus de quatre-vingt-douze jours d’agression continue et de bombardements intensifs d’une occupation causant plus de 1750 frappes offensives qui ont entraîné la mort de plus de 23 000 citoyens Palestiniens civils, dont 70 % d’enfants et de femmes, auxquels se rajoutent plus de sept milles disparus sous les décombres (soit, entre morts et disparus, 1,3 % de la population de Gaza). Cette agression a également fait plus de 58 000 blessés, soit 2,5 % de la population de Gaza, laissés sans traitements ni soins en raison :

  • du ciblage des hôpitaux et des cliniques par les bombardements directs des forces d’occupation israéliennes,
  • du déplacement forcé de la population sous la menace des bombardements,
  • du nombre illimité de meurtres et de destructions que la région n’a jamais connu vu auparavant (le pourcentage de personnes déplacées a atteint plus de 85% de la population de la bande de Gaza).

Ce sont des quartiers résidentiels, des camps de réfugiés, des hôpitaux, des écoles, des mosquées et des églises, des installations d’eau, des boulangeries, des bibliothèques et des musées qui ont ainsi été ciblés par plus de 65 000 tonnes de bombes, y compris des bombes stupides et des bombes au phosphore blanc qui sont totalement prohibées au niveau international depuis la Seconde guerre mondiale. On relève de même la profanation des cimetières par les soldats de l’armée d’occupation israélienne.

De sérieuses menaces pèsent sur le patrimoine dans cet environnement de bombardement intensif ne faisant aucune distinction entre cibles militaires, civiles, patrimoine humain et culturel palestinien. Plus de 200 sites sur les 325 sites enregistrés dans la bande de Gaza, d’une valeur exceptionnelle historique, archéologique, naturelle, religieuse, nationale et humanitaire, ont été détruits ou gravement endommagés. On déplore un taux de destruction de plus de 60% du patrimoine culturel de Gaza portant sur une période historique remontant à la fin de la période néolithique. Ce patrimoine témoigne des traces de nombreuses civilisations. La civilisation de Wadi Gaza est le témoin du développement de la vie et des sociétés en Palestine. La région de Tell en particulier Le Tell des AJUL, constitue le noyau primitif de la sédentarisation dans la ville de Gaza, et a d’ailleurs a donné son nom au territoire.

Parmi ces sites et monuments importants qui ont été complètement ou partiellement détruits figurent :

  • le site archéologique de Tell al-Abul (IIIe millénaire av. J.-C.) sur la rive nord de Wadi Gaza,
  • le site archéologique du cimetière romain (Ier siècle av. J.-C.),
  • le site archéologique de Tell Umm Amer, également connu sous le nom de monastère de Saint Hilarion (IVe siècle apr. J.-C.), inscrit sur la liste indicative du Patrimoine Mondial de l’UNESCO et sur la liste des biens culturels sous protection renforcée depuis le 14 décembre 2023,
  • le site archéologique de l’église byzantine de Jabalie (Ve siècle apr. J.-C.),
  • l’église de Perphyrios (Ve siècle), un des monuments historiques vivants avec un patrimoine architectural et une signification religieuse et sociale qui a été démoli et endommagé,
  • la Grande Mosquée Omari (VIIe siècle apr. J.-C.), qui compte parmi les sites archéologiques les plus importants dont les origines remontent au Ier siècle av. J.-C.

Le site des « Zones humides côtières de Wadi Gaza », considéré comme une réserve naturelle d’une valeur universelle exceptionnelle est un site candidat au patrimoine mondial de l’humanité au titre de la richesse de sa biodiversité (flore et faune), Il est désormais vandalisé de plusieurs manières, notamment par l’armée d’occupation qui, au commencement de la guerre forçant la population du nord de la bande de Gaza à fuir vers le sud de la vallée, a ainsi déséquilibré écologiquement la vallée.

Gaza a également brillé et prospéré à l’époque mamelouke (du XIIIe siècle au XVIe siècle), comme en témoigne l’architecture des mosquées, des palais et des marchés historiques de valeur sociale et économique, témoins exceptionnels de cette période opulente ; ces sites n’ont pas été épargnés par les bombardements lourds et directs, à titre d’exemples, mais sans s’y limiter : le palais Al-Basha (1260 après JC), le marché Qaisariya (1329 après JC), le Souk Zawiya, qui en est l’extension historique : il a été largement détruit. La mosquée Ibn Othman (1394 après JC) et le bain Samra (XVe siècle après JC), qui était le seul bain historique en activité jusqu’à nos jours.

Parmi les bâtiments de l’époque ottomane, la mosquée de Sayyid Hachem (1850 après JC) a subi le même sort et enfin (liste non exhaustive) l’ancien bâtiment de la municipalité de Gaza datant du début du XXe siècle.

Outre le patrimoine culturel architectural et le tissu urbain et naturel, le patrimoine immatériel de Gaza n’est pas épargné aussi. L’agression a causé la destruction de la plupart des musées, la mort de nombreux journalistes et intellectuels ainsi que la disparition des artistes et de leurs contributions au patrimoine et à la vie culturelle de Gaza. S’agissant du patrimoine matériel, l’agression a détruit de nombreux centres vitaux œuvrant dans le domaine de la préservation du patrimoine culturel, des ateliers d’artisanat considérés comme porteurs de connaissances et de savoir-faire patrimoniaux. Ils constituent l’identité nationale palestinienne, source de fierté pour de nombreux Gazaouis. Dans le contexte économique et social de Gaza, le Patrimoine culturel constituait une manne incontournable.

De surcroît, les sites du patrimoine palestinien inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril font l’objet d’attaques systématiques et continues de la part de colons israéliens armés sous la protection de l’armée d’occupation. Parmi ces sites figurent la vieille ville de Jérusalem et ses remparts (enregistrés en 1981), dans laquelle les biens des habitants du quartier arménien ont été directement attaqués et détruits en accord avec l’armée. Le village de « Battir » dans le gouvernorat de Bethléem (enregistré en 2014), a subi lui aussi une violation majeure puisque les colons s’en sont emparés pour y placer des maisons préfabriquées mobiles.

Quant au site de la vieille ville d’Hébron et du Tombeau des patriarches

(enregistré en 2017), le ministère des affaires étrangères a autorisé la prise de possession des maisons des citoyens et permis la réinstallation de colons, causant la destruction de plus de 40 % de la vieille ville en plus des expropriations forcées au profit des colons. Enfin, la colline d’Abou Laila et le mont de Djebel Sabih dans le village de Beta à Naplouse, qui représentent une période historique allant du 3e siècle avant JC à l’époque romaine et byzantine, subissent des violations continues et des fouilles illégales pour saisir et voler des vestiges archéologiques inestimables, à la recherche de pierres précieuses.

Le Groupe Régional Arabe condamne avec la plus grande fermeté ces attaques brutales et barbares perpétrées par les forces de l’occupation israélienne dans la bande de Gaza, dont les civils innocents sont les victimes directes. Le Groupe considère ces actes comme des meurtres, des destructions et des actes de vandalisme systématiques dans l’histoire de la Palestine en particulier et de la Terre Sainte en général. L’agression continue a causé des déplacements massifs, des violations majeures des droits de l’homme, des violations de la dignité humaine, et la destruction systématique du patrimoine culturel palestinien, dont Gaza et la Palestine sont porteuses depuis des millénaires.

Nous appelons les organisations et institutions culturelles, scientifiques, juridiques et humanitaires internationales à :

  • Condamner fermement ces attaques et violences en cours,
  • Œuvrer activement pour protéger le peuple, la terre et le patrimoine vivant palestinien,
  • Demander un arrêt immédiat des opérations militaires,
  • Fournir une aide humanitaire d’urgence aux populations sinistrées,
  • Imposer des sanctions sévères à l’entité israélienne et boycotter les entreprises et institutions israéliennes qui financent l’occupation et les violations continues des droits des Palestiniens et de leur patrimoine culturel,
  • Organiser des expéditions scientifiques d’urgence pour évaluer les dommages infligés au patrimoine culturel et fournir une assistance technique et matérielle pour documenter, restaurer et réhabiliter les biens endommagés.

Le Groupe Régional Arabe de l’ICOMOS exprime sa solidarité avec la Palestine et affirme sa volonté de contribuer par tous les moyens possibles à la protection du patrimoine culturel en Palestine et en particulier à Gaza.

En conclusion, nous citons Martin Luther King Jr. : « Le pire endroit de l’enfer est réservé pour ceux qui se taisent au moment des grandes crises morales. »

Groupe Régional Arabe de l’ICOMOS



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